jeudi 15 novembre 2012

De l'importance d'un travail adapté

Dans mon cas, le syndrome d’asperger, bien que invalidant dans mes rapports sociaux, me permet tout de même d’avoir une vie professionnelle quasi normale. Je suis tout de même obligé de travailler dans un domaine adapté à ma situation c’est-à-dire nécessitant peu de rapport direct avec les autres.

Je connais d’autres aspies dont la situation est trop lourde et qui ne peuvent pas avoir d’activité professionnelle en raison d’une réelle phobie sociale et de problèmes de concentration trop aiguës.

Ayant fait des études de comptabilité, j’exerce un métier adapté à mon cas. En comptabilité les choses sont carrées, l’improvisation n’a pas sa place et les contacts avec l’extérieur sont bien souvent limité à de simples appels téléphoniques.

Je n’ai pas été que comptable au cours de ma carrière car j’ai été cadre administratif pendant près de 8 ans. J’y exerçais les fonctions de chef comptable et de responsable des ressources humaines ce qui me conduisait à manager une équipe de 8 personnes et rencontrer des personnes étrangères en quasi permanence. Pour tout ce qui était boulot comptable et administratif j’étais assez bon mais pour les relations humaines et le management j’étais super mauvais à cause de mes problèmes.

Personnellement je pense que c’était une grosse erreur de casting, mais le directeur qui m’avait recruté s’en accommodait, séduit par le fait que j’étais un bourreau de travail travaillant 12 heures par jours 6 jours sur 7.

Je me suis acquitter de cette tâche en allant à l'encontre de ma situation, de mes convictions et en me mettant à la limite extrême de mon point de rupture.

Après 8 ans j'ai été licencié sans avertissement. Ce boulot m'avait presque totalement détruit et mis ma machine a faire semblant en miette. J'étais une loque et j'avais littéralement régressé à un niveau de maîtrise proche de celui qui était le mien à la fin de l'adolescence. Il m'a fallut plus d'un an pour me reconstruire et remettre mes défenses en état. Je ne pouvais plus voir ou côtoyer personne d'autre que mes parents et ce à tel point que j'ai du couper court avec toutes les personnes que je connaissais d'avant.

À l'issu de cette année de reconstruction où j'ai tiré un trait sur 10 ans de ma vie tant professionnelle, amicale ou sentimentale j'ai pu repartir sur des bases saines.

C'est un moi nouveau qui était près à affronter le monde avec une nouvelle "machine à faire semblant" en version 2.0. Mais, quoi que je fasse ou dise une partie de moi est morte avec ces 10 années perdues.

Je travaille depuis 4 ans à nouveau comme « simple » comptable ce qui me convient bien mieux.

La comptabilité est une profession qui ne fait pas rêver grand monde mais qui me convient parfaitement. Comme je le disais précédemment c’est un boulot carré, sans grande improvisation, répétitif, avec peu de relationnel et sans surprise. Rien de très sexy pour quelqu’un de « normal » mais pile ce qui faut pour un asperger aimant la régularité et évitant les autres.

En écrivant ce post mon but n'est pas de faire pleurer sur mon sort ou que les gens s'apitoient sur moi mais plutôt de démontrer par ce cas concret qu'il faut dans notre situation d'aspie avoir conscience de nos limites et de ne pas chercher à les dépasser bêtement histoire de vouloir se comporter comme des neurotypiques.

Ce boulot n'était clairement pas adapté à moi et j'ai vraiment manqué de peu de me brûler définitivement les ailes.

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