samedi 16 février 2013

Celui qui utilisait l'humour comme un outil

Ceux d'entre vous qui ont lu mes précédents articles commencent à mieux me cerner en voyant comment le syndrome d'asperger influes sur ma vie quotidienne et ma façon d'interagir avec les autres.
Beaucoup de personne à qui j'en ai parlé sont surprise que je puisse en être atteint. Une des réflexion qui revient souvent est que ce n'est pas possible parce que j'ai de l'humour. Je ne sais pas si l'humour et le syndrome d'asperger sont antinomiques mais à priori cela le semble pour les neurotypiques. 
Avoir de l'humour suppose deux aspects : savoir recevoir (rire) et savoir donner (faire rire). 
Je ne perçois pas l'humour comme vous. C'est en grande partie une réaction émotionnelle à une situation donnée. Étant en partie dépourvue d'émotion, l'humour est pour moi plus intellectuel qu'autre chose. Il est très rare de me voir rire aux éclats (tout au plus une ou deux fois par an). Je peux rire mais cela reste très limité et bien souvent je simule une réaction joyeuse pour répondre aux attentes de mes interlocuteurs. L'expérience m'a permis de voir qu'il peut être vexant pour quelqu'un de ne pas avoir de retour quand il cherche à faire rire. Donc, un peu comme certaines femmes simulant pour soulager l’ego de leur amant, je simule souvent un amusement même si je je comprend pas le sens de ce que l'autre veut me dire ou si je le trouve stupide. 
L'humour est une des pierres angulaires de ma machine à faire semblant. Sans lui je pense que j'aurais beaucoup de mal à paraître normal. Longtemps je n'ai su le maîtriser et l'ai vécu comme une menace. Je le subissais par le biais des moqueries des enfants de mon âge. Puis un jour j'ai eu le déclic en comprenant comment je pouvais l'utiliser à mon avantage. 
Avoir de l'humour n'est pas venu d'un seul coup cela m'a demandé de l'apprentissage. Il faut en effet acquérir des connaissances culturelles, apprendre ce qui est risible et ce qui ne l'est pas et dans mon cas connaître les gens à qui j'ai à faire. En effet, selon mon niveau de connaissance de l'autre, je peux plus ou moins le faire rire ou à défaut rire avec lui. Chaque personne est différente et réagis de façon différente en fonction de sa personnalité et de son vécus. Ce qui fera rire quelqu'un pourra déclencher la colère ou le mépris d'un autre. L'humour est donc un outil délicat à manier et ce d'autant plus que je n'ai pas les mêmes tabous que les autres. J'affectionne énormément l'humour noir et peu de chose me choquent réellement. Si je ne fais pas attention, je peux facilement plaisanter sur la mort, la maladie, et autres joyeusetés sans me rendre compte que j'horrifie mon auditoire dont n'outrepasse les limites culturelles et émotionnelles. 
Je n'utilise que certaines formes d'humours. Mes préférées sont l’auto-dérision, l'absurde, l'humour noir, et l'ironie. L’auto-dérision a pour moi été très tôt une arme. Un peu comme pour la tirade du nez de Cyrano de Bergerac j'ai appris à couper l'herbe sous les pieds de mes détracteurs qui se sentant dépassés passent leur chemin. Je n'aime pas faire souffrir les autres mais je sais que je pourrais sans problèmes démolir quelqu'un avec un humour cruel mais en en ayant été victime à une époque je m'y refuse. Par contre je suis totalement étanche à certaines formes d'humours que je ne vais pas comprendre ou qui vont me déranger. Parmi cela se trouve les blagues raciales et:ou racistes, à caractère sexuel, cruelles ou potache. Je n'aime pas l'humour franchouillard façon TF1. 
Je peux me montrer très moqueur et joueur vis a vis de certaines personnes, mais il faut savoir que je le fais sans aucune méchanceté. Paradoxalement c'est quasiment la seule façon pour moi d'extérioriser l'affection que je porte à une personne de façon peut être maladroite. Généralement plus je charrie quelqu'un plus je l'apprécie. Inversement je n'utilise pas l'humour sur les personnes qui m'indiffère ou que je ne connais pas. De fait seul les personnes que je connais bien savent que je peux avoir de l'humour. 
Pour moi l'humour est donc un plaisir intellectuel à défaut d'être émotionnel. J'aime bien le manier même si pour moi c'est un défi. C'est un peu comme si un aveugle se lançait dans la peinture ou un sourd dans la musique.

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